L’ART EST UN DÉCONFINEMENT!

Le confinement a marqué une rupture dans nos vies, mais pas dans nos engagements. Il a été, pour chacun d’entre nous, l’occasion d’un retour sur les différentes étapes qui jalonnent ce choix si particulier de l’art. Nous sommes, comme tant d’autres travailleu·r·se·s, économiquement et socialement atteints par la crise actuelle. Elle aggrave nos situations qui étaient déjà difficiles.

Notre mobilisation, à la faveur du mouvement contre la réforme des retraites, nous a permis de nous retrouver et de poser les bases d’une action collective. Beaucoup d’entre nous ne se sentaient pas directement concerné·e·s par la question des retraites. En revanche, le fait d’apporter collectivement notre soutien en tant qu’artistes aux autres travailleu·r·se·s, a pris un sens nouveau et fort. 

Nous n’avons pas encore réussi à exposer précisément ce qu’est notre situation. Elle est parfois difficile à cerner – y compris pour nous-mêmes. Notre travail se retrouve bien souvent éjecté de la sphère de la valeur. Il est considéré comme socialement et économiquement non productif. Ne permettant que rarement de dégager un revenu, il nous renvoie à notre précarité. 

Il y a par ailleurs autant de profils d’artistes qu’il y a de conceptions de l’art et de modes d’existence. Chacun·e tente de piloter son projet, souvent de manière isolée. D’autres empruntent des parcours tracés, de lieux en lieux, avec le sentiment de repartir à zéro après chaque nouvelle réalisation. 

Le travail artistique est sommé de se fondre dans le moule de l’activité libérale, d’en épouser les lois, les codes, au risque, pour l’artiste, de perdre toute liberté de création. Que faire quand on n’entre pas dans ce jeu, quand on ne veut pas ou qu’on ne peut s’y conformer ?

Cela nous conduit à nous poser des questions sur nos attentes. Nous n’avons pas la naïveté de croire que tout va changer aujourd’hui, mais nous gardons cependant la certitude que nous pouvons faire évoluer notre condition, à condition :

  1. De le vouloir vraiment (mobilisation, engagement)
  2. D’être lucides sur les enjeux (documentation, information)
  3. D’être socialement présents (organisation et action)

Nous avons trois chantiers devant nous. Ils constituent en quelque sorte les trois axes complémentaires de l’action commune :

  • Comment survivre dans le système actuel ? (syndicalisme, statut de l’artiste, solidarité.)
  • Quelles peuvent être les bases d’une nouvelle économie de l’art ? (questionnements sur la valeur, monnaies alternatives, forme école, possibilités collectives)
  • Comment éradiquer la précarité tout en libérant durablement le travail artistique ? (salaire universel)

Formons le voeu que notre détermination à ne pas subir la violence du monde actuel nous pousse à nous retrouver très prochainement, pour poursuivre, amplifier, donner du corps à notre action. Il ne s’agit pas uniquement de nous en tant qu’artistes, car nous sommes aussi des citoyens et des travailleu·r·se·s ! 

Nous avons montré que malgré notre précarité, nous savions nous montrer solidaires. Nous avons affirmé et revendiqué notre existence sociale en tant que travailleu·r·se·s. Inventons maintenant, si nous en manifestons le désir et le courage, la suite de notre histoire collective. 

À très bientôt, avec enthousiasme !

Moderno,
le 21 Juin 2020

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