VIVRE OU SURVIVRE ?

Toutes nos réunions prévues sont ajournées. Cet événement si particulier qui va nous tenir éloignés les uns des autres pendant quelque temps, nous devons le mettre à profit pour faire un grand pas vers le bonheur. Posons-nous la question de savoir dans quel monde voulons-nous vivre.  

Vivre et survivre, ce n’est pas la même énergie. Nous n’avons pas attendu le triomphe d’un virus pour faire ce constat. La foi que nous avons mise dans l’art, ce choix étrange et difficile, qui nous a individuellement éloigné d’une vie prétendument « normale », ne nous destinait pas aux difficultés quotidiennes que nous impose le mirage libéral. 

La survie, nous y sommes confrontés depuis trop longtemps. Il n’y a qu’un seul objectif valable : Vivre, avec toute l’ivresse que ce verbe contient. Ce qui se passe aujourd’hui doit nous conduire à accélérer ce changement de société tant attendu. La question du statut de l’artiste est sans perspective si l’on fait l’économie des questions de fond qu’elle soulève : Quelle valeur doit-on accorder au travail artistique ? Quelle utilité sociale lui
reconnaît-on ? Peut-on se contenter d’une défense catégorielle des droits de l’artiste ? sur la base de quel jugement de valeur ? 

Notre premier slogan « artistes précaires et solidaires » était clairvoyant : précaires et solidaires, les artistes peuvent-ils s’extraire de leur condition actuelle sans défendre tous ceux qui vivent au quotidien cette même précarité, qu’ils soient artistes ou pas, sans oublier personne ? 

On peut tourner le problème dans tous les sens, on en revient toujours au salaire universel, à vie, à la qualification personnelle, qui, en dissociant salaire et emploi, mettrait tout le monde à l’abri de la précarité. Ce serait une manière de reconnaître à chacun la possibilité de se former et de s’engager dans des productions libérées de la tyrannie des usages. L’art y trouverait sa place naturelle, la science aussi, la culture pourrait s’y épanouir. La connaissance y serait libérée de l’injonction de plaire ou de servir. Elle doit rester libre, comme l’art. 

Alors que nous nous retrouvons tous assignés à domicile avec nous-mêmes et les nôtres, parfois au chômage technique et plus souvent dans le long terme d’un RSA qui nous déclasse, quelle valeur accordons-nous à la solidarité, à l’invention de formes, au repos, à l’amour, à l’auto-formation, à la régénération de notre écosystème, à la contemplation de la beauté, à l’épanouissement des imaginations, à la créativité, à l’attention, au soin, à l’étonnement, à l’émerveillement, aux possibilités collectives, à la recherche des complémentarités ?

Il faudra que nous nous prononcions clairement, généreusement, avec force et conviction. En attendant, je vous propose d’utiliser ART EN GRÈVE OCCITANIE pour préparer les grandes retrouvailles. Je vous invite à vous inscrire dans le groupe AEGO / ENTRAIDE ET SOLIDARITÉ, qui pourra nous permettre de faire face à la crise actuelle en cassant notre isolement, ainsi que dans le groupe AEGO / ATELIER COLLECTIF, qui prendra en charge la production de visuels et de formes artistiques collectives. Les femmes disposent d’un groupe de parole, à l’initiative de Stefania, Claire et Diane : AEGO / GROUPE DE PAROLE DES FEMMES. Ce serait super que les professeur·re·s et les étudiant·e·s en art se retrouvent et préparent leur convergence. Il y a tant à dire sur la dégradation de nos conditions de vie : AEGO / ETUDIANT·E·S et PROFESSEUR•E•S D’ART. Les groupes constitués à Montpellier, Sète et Perpignan auraient besoin de se retrouver quand tout ira mieux pour se structurer et organiser des rencontres physiques. Les groupes AEGO / STATUT DE L’ARTISTE et AEGO / TRAVAILLEU·R·SE·S DE L’ART poursuivront les réflexions engagées. Le groupe dédié à la communication cherchera à affiner les outils qui nous permettent de rester en lien et de nous informer.

Il faudra imaginer une grande fête, un nouveau point de départ qui acte notre engagement collectif et notre désir de faire changer les choses. Prenons soin de nous. Ne laissons personne seul·e. Soyons solidaires. Gardons la joie. À très vite !!!!

Moderno,
le 15 Mars 2020

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